Frédéric Mabileau

Pendant une dizaine d’années, Frédéric Mabileau partage le chai avec son père et jongle entre l’exploitation familiale et son petit domaine de 10 hectares. En 2003, il franchit un cap en regroupant les deux entités. « Mon père a pris sa retraite et moi, mon envol. J’ai eu la chance de pouvoir sélectionner les terroirs et d’élargir considérablement le champ des possibles : conserver les Graviers, emblématique de la maison, réinterpréter les cuvées Coutures issue des plus vieilles vignes du vignoble et Racines, petite parcelle plantée sur des argiles graveleux par le grand-père Armand et imaginer de nouvelles cuvées signature ». Un terrain de jeu de 28 hectares à travers 4 appellations : Saint-Nicolas de Bourgueil, Bourgueil, Saumur et Anjou

Cette nouvelle palette de terroirs sonne comme un nouveau départ dans la vie de Frédéric. « Après réflexion et pas mal de dégustations, nous avons décidé de basculer en bio et d’abandonner la machine à vendanger ». Plus qu’un label (qu’il n’a d’ailleurs pas réclamé tout de suite), Frédéric jette pour ainsi dire les bases d’un nouveau métier : « les vignes ont progressivement puiser leurs ressources dans un horizon plus profond et plus minéral et donc moins riche. Il a fallu réapprendre à travailler pour obtenir des raisins de qualité à la maturité parfaite ». Ce travail de fond, ce long cheminement vers une viticulture plus vivante et paysanne l’ont naturellement conduit à explorer les voies de la biodynamie. Accompagner avec précision au lieu de s’acharner, s’effacer au lieu d’intervenir à outrance, la jouer discret au lieu de la ramener… Se recentrer sur l’essentiel quitte à ses séparer de certaines parcelles : « L’expansion nous conduit dans le mur. Aujourd’hui je suis plutôt partisan d’une certaine forme de décroissance : moins de technologies, moins de surface et plus de travail manuel ».

La vie de Frédéric a changé, ses vins aussi. Simples, dans le bon sens du terme, élégants, ils ont ce côté aérien qui vous invite à prendre de la hauteur, vous porte et vous emmène ailleurs. Aussi vivants que vibrants, les vins de Frédéric nous racontent une histoire sans jamais sombrer dans la démonstration. « Pour moi, il n’y a pas de petits ou de grands terroirs... C’est juste une question de caractère, d’énergie et de spontanéité. Mes vins sont comme mes enfants : je les aime tous autant… et pour moi, ils sont tous des “grands crus” ».